Définition de PAIS, AISSE

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DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : é-pê, pê-s'

DÉFINITIONS

1
Épais, considéré quant à la dimension : qui a une certaine épaisseur. Mur épais de deux mètres. Une planche épaisse de quatre centimètres.
La seconde édition des recherches de M. Parent est en trois volumes in-12 fort épais
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Parent.
Sémantique : Terme de botanique. Se dit de toutes les parties dont l'épaisseur, comparée à celles d'organes analogues, est plus grande que ne semblerait le comporter leur étendue.
Fort, solide, par opposition à mince. Drap épais. Étoffe épaisse.
Sémantique : Par extension. Langue épaisse, langue pâteuse, lourde, articulant difficilement.
Taille épaisse, taille grosse, peu élégante.
Sémantique : Fig. et familièrement. Avoir la mâchoire épaisse, avoir l'esprit grossier. On dit aussi : c'est une mâchoire épaisse.
Cheval épais, cheval gros, lourd, sans élégance.
2
Épais, considéré quant au nombre : serré, touffu. Des cheveux épais. Les bois épais. D'épais bataillons.
J'ai craint que de ces bois l'épaisse solitude Ne cachât un ramas de brigands révoltés
de Jean-François DUCIS dans Lear, I, 1
Sémantique : Terme de pêche. Tissure épaisse, tissure d'un filet à mailles serrées.
3
Épais, considéré quant à la consistance : dense, peu fluide. Du vin épais. Un épais brouillard.
Cette liqueur épaisse Mêle du sang de l'hydre avec celui de Nesse
de Pierre CORNEILLE dans Médée, IV, 2
Une épaisse vapeur s'est du temple élevée
de Pierre CORNEILLE dans Oed. II, 3
Ils l'ont enveloppé d'une épaisse fumée
de Pierre CORNEILLE dans Tois. d'or, v, 2
Mais quelle épaisse nuit tout à coup m'environne ?
de Jean RACINE dans Andr. v, 5
Climats qu'un ciel épais ne couvre que d'orages
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. I, 1
Sémantique : Fig. et familièrement. Cela est épais à couper au couteau, se dit d'un esprit grossier, d'une ruse grossière, etc.
Sémantique : Fig. Lourd, pesant, grossier.
Montchevreuil était un fort honnête homme, modeste, brave, mais des plus épais
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 4, 64
Les Béotiens, les plus épais de tous les Grecs, prenaient le moins de part qu'ils pouvaient aux affaires générales
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Rom. 5
Et la grosse gaieté de l'épaisse opulence
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Méch. II, 3
Il se dit des choses dans un sens analogue. Une ignorance épaisse.
Que son intelligence est épaisse !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. rid. 6
Dans la plus épaisse barbarie
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. II, 383
4
Nature : Substantivement. Épaisseur. Une pierre qui a deux pieds d'épais.
5
Nature : Adv. Avec densité, d'une manière serrée. Semer trop épais. Il a neigé épais.

REMARQUE

1
Au XVIIe siècle, à côté d'épais on disait épois :
On verroit Les poëtes plus espois que mouches en vendanges
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IV
De son gros chef couvert de bois, S'exhale maint nuage épois Qui le cache et qui l'environne Et lui fait comme une couronne
de Paul SCARRON dans Virg. IV

HISTORIQUE

1
XIe s.
Al plus espes [de la mêlée]
dans Ch. de Rol. CCLVII
2
XIIe s.
[Un haubert] Fort et espes et serré et entier
dans Ronc. p. 49
Plus espois
dans ib. 142
3
XIIIe s.
Ensi pourprist li feus de defors le port en travers jusques parmi le plus espeis de la vile
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XCI
Sous une espine espesse [elle] s'est allée mucier
dans Berte, XXXVIII
D'autre part sunt li mur de boe, Qui n'ont pas d'espès plaine paume
dans la Rose, 6131
4
XVe s.
Je ferai, par enchantement, l'air si espès, que dessus la mer il semblera à cils de dedans qu'il y ait un grand pont pour dix hommes de front
de Jean FROISSART dans II, II, 137
5
XVIe s.
[La forêt] Voit par l'espais de sa neuve ramée Mainct libre oiseau qui de tous côtés erre
de Joachim DU BELLAY dans II, 19, recto.
Meutes de chiens, piqueurs Massiliens Marchent espais [serrés nombreux]
de Joachim DU BELLAY dans IV, 10, recto.
Des tuyaux praticquez dans l'espez du mur
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 255
Des urines espesses, noires et effroyables
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 271
Ces espesses poussieres
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 291
Le capitaine Nesde et un sergent qui y mourut, firent quelque jour dans cet espais à coups d'hallebarde
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. II, 353
Espesse fumée
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib.

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, spès, spèse, au féminin ; bourguign. espoo ; provenç. espes ; espagn. espeso ; ital. spesso ; du latin spissus.